C'est l'histoire d'un rendez-vous manqué. En 1975, les Dictators arrivaient trop tard pour séduire les fanatiques de hard rock (ou en tout cas sans un réel manifeste et un véritable professionnalisme, ce qu'AC/DC ferait quelques mois plus tard) et un ou deux ans trop tôt pour réellement lancer le mouvement punk (même si nombreux sont ceux qui ne se gênent pas pour les qualifier de "premier groupe punk"). Le public de l'époque ne pouvait se retrouver dans cet amas de bouillie qu'est leur premier album, "Go Girl ! Crazy" à moins de fréquenter le CBGB's ou Max's Kansas City de façon régulière. Rares étaient ceux qui pouvaient apprécier à leur juste valeur des pseudonymes tels que "Handsome" Dick Manitoba (le chanteur) ou Ross The Boss (le guitariste, qui ferait ensuite partie du groupe de Power Metal Symphonique parrainé par Orson Welles, Manowar) ou des paroles du genre "I drink Coca cola for breakfast / I've got Jackie Onassis in my pants / I'm never gonna watch channel 13 / Edjumacation ain't for me / I'm so drunk I can barely see." Le premier album des Dictators est foncièrement stupide, il arbore une bidoche à bière dépassant de sous sa chemise et s'en fout parce qu'après tout, on peut très bien enregistrer de mauvaises chansons, les introduire par un beuglement crasseux, les bourrer de soli de guitare heavy metal et de reprises à vomir (le I got You Babe popularisé par Sonny & Cher) du moment que l'on n'espère pas naïvement que ce monceau de bêtise atteindra le sommet des charts.
"Go Girl ! Crazy" est un disque de très mauvais goût que peu de gens connaissent et/ou écoutent, mais c'est malgré tout l'un des albums fondateurs du punk rock tel que l'ont popularisé les Ramones, et la chanson de ce matin (qui ne raconte absolument pas l'histoire de quelque heureux possesseur d'une verge à deux embouts) en est la profession de foi, celle de jeunes gens désœuvrés, laissés à eux-mêmes assez longtemps pour penser qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent (c'est à dire pas grand chose) malgré le regard d'autrui, se comporter comme des attardés et toujours s'en sortir. Comme le dit Manitoba : "I'm just a clown walking down the street / I think Lou Reed is a creep / I need a girl I need release."
Joe Gonzalez
"Richard Manitoba et Iggy Pop, certainement en train de parler philosophie." j'aime :D
RépondreSupprimerEst-ce que Dick Manitoba n'est autre que Caribou ?
Nan rien à voir !
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