Reprenons depuis le début : 2007 fut une année chargée qui vit sortir le premier album de Le Aids, "I Like Major Chords Very Much," sorte de manifeste lo-fi du syndrome de Peter Pan, brassant country, folk, ukulele pop et Blur avec beaucoup d'humour et de tendresse. Puis quelques mois plus tard, un (long) "Not Enough Too Much" EP, dont toutes les parties étaient jouées essentiellement sur un Yamaha PSS-595 (clavier cheapos des années 90), et qui était centré sur une histoire d'amour impossible et improbable entre une garçon et une fille séparés par le destin (et un camion).
Depuis, pas de répit puisque Le Aids a participé entre autres à la création du faux label indépendant et non-lucratif "Label (What was it anyway?)", au premier album de SunJ et à de multiples compilations semestrielles rassemblant les scènes underground d'Essonne (The Snobs...) et de Seine St Denis, les "We're only in it for..." avant de présenter, en Novembre 2009, son second LP, "Cum to Get Her."
Les trois années de battement entre "Cum" et "Major Chords" se ressentent évidemment dans le soin qui a été apporté à l'enregistrement et au mixage, chose qui transparaissait déjà sur les quelques singles ponctuels apparus pendant ce laps de temps sur Myspace, mais le lo-fi timide des débuts ne fait pas pour autant place à une production lisse et spacieuse ou à des arrangements plus propres, non, préparez-vous à être bousculés, "Cum to Get Her" est un album de rock.
Le Aids, tel qu'il est croqué à l'intérieur de la pochette cartonnée de "Cum to Get Her"
(Up then Down)
(Up then Down)
A vrai dire, les principes établis auparavant sont toujours à la base de l'édifice : le sens aigu de la mélodie, les refrains tueurs (Up then Down, 1989) et un bonne dose d'humour distillé à la fois dans les paroles (Good Friend, This is our Post-Rock) et dans la construction des chansons (Pockets full of acetone et son pont bossa). Cependant, les décibels explosent, les guitares grondent, et même la voix (mise un brin en retrait sur cet opus, un léger bémol, peut-être) hurle les refrains comme si la vie de Le Aids en dépendait. Si l'on pense toujours autant à Blur, il faut cette fois s'imaginer "Parklife" joué par Times New Viking pour se faire une idée du boucan ultra efficace qui se joue ici. Un vacarme qui pourrait n'être qu'une explosion dans un verre d'eau si Le Aids n'était pas un compulsif de l'arrangement, empilant les pistes de guitare, voix, tambourin, claviers et autre melodica sur des beats samplés (chez des artistes révérés) et parfois étonnants (on pense à LCD Soundsystem et son "Sound of Silver" comme influence latente à l'écoute de Mussel ou How Tim destroyed my Life). Le souci du détail n'est pas pour autant mis en avant, et ce sont les chansons et les textes (Peter Pan n'est jamais loin, mais il a grandi et il n'aime pas les gens) qui attirent l'attention avant tout, surtout lorsque le son retombe (People Are et la très estivale Icicle have no Ears, "chute" inattendue des sessions du "Bash Hurricane" de SunJ).
Si "Cum to Get Her" n'atteint pas vraiment le niveau émo(tionnel) exposé sur "I like Major Chords Very Much," accordons-lui que là n'est pas vraiment son intention. En 2009, Le Aids a voulu faire du bruit, et a prouvé de façon surprenante que le shitgaze américain pouvait avoir une influence non seulement intéressante mais aussi extrêmement efficace sur un artiste pop (français), ce qui n'était pas gagné d'avance.
Joe
NB : Nous en conviendrons vous et moi, avec un tel article vient sans conteste la question de l'intégrité de l'auteur de ces lignes. En effet, certains parmi vous le savent d'ores et déjà : Le Aids et Emilien (Rédacteur en Chef Adjoint sur C'est Entendu, et mon ami) sont une seule et même personne. Il serait alors légitime de votre part d'émettre des doutes quant à mon impartialité lors du jugement de ce disque, de ces chansons, de cet artiste. Je vous encourage à me stipuler dans les commentaires toute incompréhension, haine, ou question relative à ce sujet, mais je peux tout de suite vous affirmer que je publie cet article contre l'avis d'Emilien, et que j'assume totalement mon point de vue. Je connais beaucoup de musiciens, et nombreux sont ceux qui publient leur musique, d'une façon ou d'une autre. S'il m'arrive de publier ici une chronique de ces disques-là, c'est et cela sera toujours à l'unique condition que quelque chose d'intéressant me vienne à l'esprit lors de leur écoute. Il ne suffit pas d'être un ami pour obtenir une bonne note sur C'est Entendu, et si "Cum to Get Her" avait été mauvais, ou moyen, il n'aurait certainement pas eu 4/5. A bon entendeur.
bah non, j'y vois pas trop le piston, c'est honnête, bien chroniqué avec une belle ferveur communicative, pour avoir découvert Le Aids au travers des compiles c'est entendu, je peux déjà avouer que je suis aussi partisan du bonhomme même si je ne le connais pas et que en générale ses chroniques sont pas les meilleures du blog, hihi et vlan dans les dents ! Qui aime bien châtie bien !
RépondreSupprimermoi j'aurais mis 5.
RépondreSupprimerBon y'en a qui ont pas encore pigé, l'auteur de cet article y compris:
RépondreSupprimer"Ben chez moi c'est LE Aids. Et ca sera toujours LE Aids. Le Aids c'est Emilien qui fait de la musique seul sur CD. LE Aids c'est le groupe qui fait de la musique sur pas CD. Plus précisement, je dirai que tu es une partie de LE Aids. Nous sommes tous LE Aids. A l'oreille une chanson de Le Aids est la même qu'une chanson de LE Aids, à une différence près que la première est d'Emilien, la deuxieme de LE Aids."
Et ce disque méritait un 5, c'est pas bon de se censurer parce que l'artiste (et encore donc) est redac chef adj du canard.
Je précise que si je n'ai pas mis 5/5 (note que j'attribue volontiers au premier album, "I like Major Chords Very Much") c'est parce que je le trouve moins abouti (et à la fois je préfère que ce soit un album 4/5 qu'un album 5/5...). Il y a des chansons un poil en dessous (enfin il y en a une surtout : Everything I own is broken or bent) et le chant aurait parfois mérité d'être plus en avant. Je ne mets pas 4 "pour faire genre je suis impartial" :D
RépondreSupprimermoi j'aurais mis 10.
RépondreSupprimeril fume quoi vincent ?
RépondreSupprimeren fait c'est le NB qui fout le doute!!!
RépondreSupprimerCe même NB sans lequel il y aurait déjà 5 pages de controverse, hmm...
RépondreSupprimerOu est la solution, dans ce cas :) ?
Je note 4.5/5 parce que Le Aids est mon bassiste sur scène mouhahaha. Non juste parce que ça en envoie.
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