C'est entendu.

mardi 15 décembre 2009

[Fallait que ça sorte] Rodriguez, le Sugar Man

Si il y en a un qu'il ne fallait pas louper cette année aux Transmusicales de Rennes c'est Sixto Rodriguez, parce qu'il revient de loin et de très loin même. 1970 à Detroit USA, Sixto a 28 ans et sort modestement son premier album : "Cold Fact."Il est bien cet album, il est même très bien sauf que tout le monde s'en fout parce qu'à l'époque ce qui fait bander les jeunes de Detroit ce sont les Stooges et le Mc5. Tous les projecteurs sont braqués sur cette ville présentée comme le vivier de la révolution musicale du début des années 70 et pourtant Rodriguez reste dans l'ombre. Il faut croire que sa musique était trop à contre courant pour son époque : le latino hippie à la guitare folk n'est pas pris au sérieux. Trop calme, trop mignon, trop gentil ? Ou pas assez énervé, couillu et transpirant ? Il persistera l'année suivante en allant enregistrer son deuxième album "Coming from reality" à Londres, lequel connaitra... le même insuccès.

Dépité il abandonnera alors sa guitare pour retourner travailler à l'usine et nourrir sa famille.


L'histoire aurait pu s'arrêter là mais le destin en a décidé autrement et c'est vers la fin des années 70 que le succès de Rodriguez surgit dans un pays où il ne l'attendait pas : L'Afrique du Sud. Les échos de cette reconnaissance iront même jusqu'à retentir en Australie. Bien plus qu'un succès d'estime chez des Sud-Africains en plein apartheid, "Cold Fact" sonne comme un manifeste et Sugar Man devient un tube. C'est aussi le cas de I wonder dont les paroles ambigües choquent et font polémique. Rodriguez assume alors cette reconnaissance, se lance dans une mini tournée à guichets fermés et devient une star nationale dans un pays qui n'est pas le sien avant de retourner chez lui, aussi humble qu'à l'aller.

Ce succès restera confidentiel encore plusieurs années avant de remonter vers l'Europe. Invité d'honneur sur un album de David Holmes et ses Free Associations, "Come Get It I Got It" en 2002, puis relayé par des blogs bien intentionnés, jusqu'à la consécration ultime reçue de la part du magazine Mojo, l'album "Cold Fact" finit enfin par être réédité et salué unanimement par la critique fin 2008.


Alors finalement cet album c'est quoi ? Eh bien ce n'est ni plus ni moins qu'un chef d'œuvre. Décrire Rodriguez reviendrait à évoquer Dylan qui chanterait du Marvin Gaye à la sauce d'Arthur Lee de Love, à la fois acide, doux et planant. Bien plus que du folk hispanique c'est une soul psychédélique infusée d'une grande tendresse car Rodriguez est aussi un romantique qui porte un regard respectueux mais aussi un peu cynique sur la gent féminine. A propos de la chanson Sugar Man, son hit fétiche au thème plutôt nébuleux, il s'explique lors du concert des Transmusicales avec ces paroles : "This song is a description, not a prescription" ... que dire de plus ? Ce sont la sagesse et la bienveillance qui parlent. Celles d'un homme de 67 ans au crépuscule de sa vie et à l'aube de son succès. L'histoire est belle et émouvante et je suis fier de l'avoir partagée avec ce Grand Monsieur il y a quelques jours.

Alors mes chers indie-Kids de bon gout, accordons enfin à cet album le respect et la place qu'il mérite au panthéon de l'Histoire du Rock. Voilà ma messe est dite : Joyeux Noël à tous !


Djeepthejedi

1 commentaire:

  1. portait très intéressant. Et pis si David Holmes l'aime bien, pourquoi pas moi?

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