C'est entendu.

mercredi 12 août 2009

[Vise un peu] SunJ - Bash Hurricane

A moins de faire partie de l'entourage de SunJ, vous n'avez probablement jamais entendu une seule note de "Bash Hurricane." Peut-être avez-vous eu le plaisir d'écouter la chanson proposée il y a quelques temps par notre rédaction et qui était sortie dans le cadre d'une Compilation Underground, mais que savez-vous de "Bash Hurricane ?" Pas grand chose, voilà quoi. C'est pourquoi avant d'aller plus loin, je vous le donne en mille : SunJ ne demande pas votre argent, alors téléchargez tout de suite son album et vous aurez ainsi une idée plus nette de ce dont je vais vous entretenir ici.

Je télécharge l'album gratuitement, je suis un malin.

Ils sont si nombreux à vous faire le vieux coup de l'arnaque que vous n'y voyez plus que du feu. Ils ont l'air dignes de confiance, mais leur discours, leur attitude, leurs histoires, tout n'est que poudre aux yeux. Je veux parler de ces jeunes qui débarquent avec un premier album achalandé comme il faut, avec la bonne police d'écriture sur la pochette, les bonnes marques de fringues portées sur les photos dans le livret et la touche de rébellion qu'il faut pour ne pas trop être associés à ce qui est alors la norme commerciale, l'attente du public.


On Beach Roads

SunJ a fait l'exact opposé de tout cela. Jeune homme issu de Seine St Denis, il ne se pose pas là en parigot des rues, en parangon de la jeunesse anarcho-punk ou en partisan du bitume, ça n'est pas sa préoccupation et il ne compte pas vous faire croire le contraire ("You know man, wide open are my eyes / To hide no pain, I don't need no glasses") non, ce qui l'intéresse c'est le soleil, la plage et le besoin d'évasion ("I've got to leave you right now / I'd like to run away / To some place you'll never know"). Cependant, ses chansons ne sont pas faites POUR s'évader, elles ne sont pas faites POUR l'été. Elles sont, c'est tout. Ce que vous en retirerez n'appartient qu'à vous, chers lecteurs/auditeurs, et SunJ ne donne pas dans la didactique bananière, il est plutôt maître dans l'Art de la projection anti-casanière, et fait de son pseudonyme une raison d'écrire ("Better Stay Dry / [...] / And the rain makes such a noise / That I cannot hear a word / Not that I care) et de son premier album un fantasme côtier de l'enfant (lisez un peu les paroles de A Harsh Teatime - seule incursion dans un vacarme de tous les diables, les enfantillages bruyants de la musique et la naïveté charmante des mots devraient vous sauter aux yeux et aux oreilles) en artiste.


Blind Jack Attack

"Bash Hurricane" est un disque qui parle de ses ainés (l'appel au grand retour artistique de Jim O'Rourke sur Jim & Mary Cheers - sur laquelle je ne manque jamais de décoller lorsque l'accord accompagnant le derniers vers du refrain arrive : "when do you plan to come baaaaack"), qui les cite (c'est bien John Fahey, le Grand Vizir de la free folk, qui s'exprime au début de Sunday at the Barton Springs Pool in Austin, TX) mais qui ne franchit jamais la ligne séparant réminiscence de héros de l'Ancien Temps (plusieurs chansons samplent des parties de batterie empruntées à des légendes telles Steve Shelley, de Sonic Youth, ou bien Meg White, des White Stripes) et copier/coller honteux. On s'attend à tout et l'on entend le plus inattendu dans ce qui aurait pu n'être qu'un ennuyeux essai folk de plus et qui se révèle extrêmement accrocheur lorsqu'il récite les leçons les plus humaines et doucereuses du Velvet Underground (Blind Jack Attack), traite l'easy-listening autrement qu'en vieux ringard dégarni (Be Careful!), pratique l'escalade rythmique et le moteur à explosion Blurriens (On Beach Roads) ou revigore la balade pop instrumentale chère à Le Aids (Old fashionned Noise Music), lequel n'est pas étranger au projet puisqu'il co-signe deux chansons, et est responsable de l'enregistrement et des arrangements.


Palmtree Keeper

On lui doit notamment le steeldrum tropical sur Palmtree Keeper, pour vous donner une idée, mais la collaboration entre les deux artistes est bien plus symbiotique qu'anecdotique et il devient parfois difficile de démêler qui de l'un ou de l'autre est à louer pour telle ou telle autre réussite, ce qui m'amène tout naturellement à louer les deux. S'il serait cependant intéressant de faire la part des choses dans le cas d'une future œuvre, plus solitaire, de SunJ, je ne peux m'empêcher de voir ces deux-là comme un duo gagnant de la trempe d'un couple Bowie-Iggy et de placer de très grandes espérances dans le prochain essai qui viendrait de leurs quatre mains.


Joe

3 commentaires:

  1. Oui. Tu vises très juste quand tu dis que les chansons ne sont pas "pour l'été". Je l'ai déjà dit mais cet album n'est pas un album joyeux pour moi. Il est traversé d'une mélancolie... moite. Une mélancolie de fin de vacances ou de fin d'un cycle, d'une période. Mais voilà s'il signe la fin de quelque chose, il révèle le début d'un autre quelque chose. Moi je connais SunJ en vrai et c'est un mec à la cool (VRAIMENT), donc, euh, écoutez Bash Hurricane!

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  2. Le loup-garou de Cincinatti19 août 2009 à 02:14

    Pas encore écouté, mais promis, je le ferai.

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  3. J'aimerais féliciter les artistes derrière SunJ. C'est vraiment un excellent album, très frais et sans moment faible, une vraie découverte !

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