Avez-vous déjà trébuché ? Vous êtes-vous déjà retrouvé la tête dans la gadoue, le pantalon troué, le genou en sang, les côtes douloureuses et des bleus sur les coudes, la chemise salopée, un plombage qui a sauté et le pied pris dans un fil, une branche ou quelque obstacle inaperçu ? Parfois le danger vient sans qu'on l'attende et d'une simple perte d'équilibre, on se retrouve dans une merde noire. Il est arrivé exactement ça à tous ceux qui ont porté l'oreille à ce disque de Luo Dayou, pensant ainsi "se faire" un Grand de la musique taïwanaise, enrichir leur culture musicale ou simplement vivre une expérience exotique. Lorsque résonne le gong au début de 之乎者也, tout peut arriver, on s'attend au dépaysement le plus total, à des chœurs féminins dignes d'un film de karaté ou bien à une musique industrielle faite de clics et de scratchs (ne dit-on pas "made in Taïwan" ?) et c'est là que l'on se prend les pieds dans le tapis et que le bât blesse violemment ce qui sert de fion à nos parois auditives puisque voici ce que l'on entend :
Et pourtant, on a beau préférer les acouphènes à ce morceau étrangement excrémentiel, on se doit d'y remarquer le génie. Il faut imaginer que ce taïwanais aux allures de second rôle de mauvais film policier bollywoodien, a du écrire les paroles de cette chanson. C'est pas le tout de dire n'importe quoi et de chantonner "cha cho tché ko tchou", encore faut-il que ça ait un semblant d'harmonie et que ça donne l'impression de vouloir dire quelque chose (oui parce qu'on ne me fera pas croire que ça veut dire quelque chose). Résultat probable d'un trip LSD, ces paroles restent en tête et, pire, ne demandent qu'à être chantonnées. Et là, à ce moment précis où l'on essaye de murmurer ces "cha tcho tcha tcha ndou'" chamaniques, on se rend compte du talent du taïwanais qui, lui, arrive à retenir parfaitement ce baragouin insensé de plus de trois minutes. La preuve en images.
Julien Masure & Joe Gonzalez
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