C'est entendu.

samedi 12 mars 2011

[Fallait que ça sorte] Herman Brood & His Wild Romance - Shpritsz

Quand on pense aux Pays-Bas, c’est plutôt le foot qui vient à l’esprit, à la rigueur les tulipes, pas la musique. Malgré quelques glorieux précédents (Golden Earring ou les Nits). Or, en matière de rock'n roll, nous avions là un sérieux client, incarnation à lui seul du genre dans sa version batave.

Herman Brood, c’était du lourd, un type passablement secoué, complètement dévoué à sa cause et mettant en adéquation ses dires et ses actes (en gros : « Sex, drugs et rock n’roll »). Lorsqu’il chante l’énervé Dope Sucks, deuxième titre de l’album, il faut comprendre cette affirmation comme une antiphrase ou, à la limite, comme l’aveu de faiblesse d’un maudit, accroché à toutes sortes de substances dans lesquelles il a puisé son inspiration.

Derrière un visuel immonde (spécialité du groupe) qui fait craindre une bacchanale disco (on est en 78 !), se dissimule un foutu disque de rock sauvage et intemporel, joué dans l’urgence (bien des titres n’atteignent pas les deux minutes) par une bande de mal élevés qui ne font aucune concession, accompagnés d’un duo de choristes disons motivées dans le gémissement de leurs ouuuuh ouap ouap lascifs. Si l’album commence par le sinueux Saturday Night sur un tempo plutôt modéré, tout s’enchaîne ensuite à une vitesse déraisonnable, ménageant toutefois quelques pauses qui sentent la fin de soirée et la cigarette froide (la reprise de Champagne and Wine d’Otis Redding)


(Saturday Night telle que la jouait Brood en 1978)

Ce disque pue la lose, c’est indéniable, et on sent que tout cela va mal finir. D’une voix éraillée, parfois mal assurée, Brood cherche l’énergie au fond de lui-même et compense par un jeu de piano tonitruant. Très important, le piano. L’instrument qui ramène la musique du Diable au fond des bars et lui donne un supplément d’âme, comme l’avait bien compris Willie Alexander, autre grand déjanté devant l’Éternel.


Lorsqu'il s’est su condamné par la maladie, Brood a loué la suite princière d’un grand palace, y a fait la fête pendant trois jours avec des putes de luxe à grand renfort d’alcool et de coke, puis s’est balancé par-dessus le balcon en faisant exprès de rater la piscine. Rock'n roll, vous dis-je !

Ce disque est le meilleur d’Herman Brood et l’écouter permet de retrouver l’intensité d’une période qui ne finira jamais de faire parler d’elle.


AGM

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