C'est entendu.

samedi 9 mai 2009

[45 Tours] Lou Reed - Street Hassle (1978)

Ceux qui croient encore connaître Lou Reed parce qu'ils connaissent Transformer et Berlin, allez vous rhabiller, mettez un futal, vous êtes à poil.
En 1978, vieux de la vieille, pépé du punk, après un essai totalement raté (et - mal - pompé sur les Ramones), Lou a du prendre une dose de speed salvatrice qui lui aura fait piger qu'il n'avait rien à gagner à surfer sur un mouvement qu'il avait en partie créé, et enregistra ce qui me semble être l'un de ses albums les plus fous, personnels, et acerbes : Street Hassle.

La chanson du même nom est une symphonie, un opéra en trois actes. Fortifié par des violons, le premier acte narre l'amour sordide consenti d'un couple, la fille payant le garçon pour du sexe, violent, cru, que Lou chante en "Shala la la la" désabusés. Le contraste entre fond et forme se fond en silence, laissant lentement place au deuxième acte contant l'échange navrant entre deux types, dans une soirée, l'un monopolisant la parole et faisant comprendre à l'autre que la fille avec laquelle il est venu a l'air refroidie (overdose) et que, sans manque de courtoisie aucun, c'est à lui de s'en débrouiller, et qu'il ferait tout aussi bien de balancer le corps dans la rue, "au matin ça sera juste un autre délit de fuite," avant de conclure sur deux mots ("Bad Luck") prononcés comme un argot fataliste.
De cette spirale descendante, surgissant de nulle part, Bruce Springsteen vient réciter une partie du texte de Born to Run avant que Lou, qui a pris un sacré coup de vieux depuis le second acte, chantant presque comme sur Berlin, laisse filer l'histoire de l'étrange couple de la chanson dans une supplique amoureuse éperdue.
Si Lou Reed ne gagne pas une ou deux encablures dans l'éternelle course au titre de champion toutes catégories du rock'n roll à vos yeux après l'écoute de cette merveille de onze minutes, alors considérez-moi comme votre plus farouche ennemi.

La chanson est, comme d'habitude écoutable dans le lecteur, et voici une version live (en 1980, en Italie) d'une qualité fort regrettable, et en deux parties :



13 commentaires:

  1. Cette chanson est géante oui.

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  2. violons déprimés et joliments arrangés + lou reed qui chante des choses sordides = grand morceau. même l'apparition de Bruce Springstreen est parfaite. merci joe.

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  3. Je vais m'acheter un froc et un t-shirt, et je reviens!

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  4. Tu m'as convaincu, je récupère l'album.

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  5. C'est tellement laid, long, morne. Y a rien qui me branche dans cette chanson (c'est d'ailleurs pas la première fois que j'ai l'occasion de te le dire), elle m'oppresse, j'attends qu'il fasse un truc bien, désespérément, mais il continue, avec ses sha la la la débiles au milieu du vide. Et pourtant les sha la la la c'est parfois génial.

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  6. Elle fonctionne bien, finalement, puisque tu la trouves "laide, morne et oppressante". Lou serait heureux de le savoir !

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  7. Ouais mais quand je dis ça c'est pas d'un point de vue descriptif de la musique, mais de son effet sur moi...

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  8. Je vais écouter ça, tu donnes fort envie. T'es doué. Tu seras général un jour Joe.

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  9. C'est vachement bien je tiens à le dire. Ca met à terre toutes les productions actuelles, qui ont rien pigé à la musique, parce qu'ils vont trop vite. J'aime les gens qui prennent leur temps. Le temps, c'est de l'argent, mais l'argent ne fait pas le moine.

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  10. J'ai écouté et je trouve ça plutôt méga cool. Quand j'écoute cette chanson j'ai l'impression de voir un type marcher. Et la meilleure façon de marcher c'est encore la mienne. Peut-être que ça m'a fait cet effet parce que la musique du film Trust de Hal Hartley ressemble un peu à ça, et qu'on y voit tout le temps Martin Donovan en train de marcher, d'andaler, de déambuler, de caminer par ici et par là. Et ça me plaît. Peut-être aussi que ça m'a évoqué ça pour des raisons qui n'ont rien à voir, ou bien pour des raisons intrinsèques à ce morceau. Comme dit Vincent c'est un morceau qui prend son temps et qui nous mène quelque part, donc qui marche. Il marche et ça marche pour moi.

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  11. Je suis heureux de vous avoir fait découvrir cette chanson. A l'occasion, il faudra que je parle de l'album dont elle est tirée.

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  12. J'ai plutot l'impression d'une musique qui marche, mais sans se donner de limite. Elle marche, mais elle peut le faire en plein milieu de la route, elle peut également aller sur le trottoir, mais jamais elle se regarde les panards en essayant de marcher que sur les dalles noires du supermarché. Non elle marche, pas forcément pour aller quelque part je trouve, mais pour marcher, parce que ça fait du bien, et c'est toujours mieux que de rester devant un ordinateur. Je ne sais pas si c'est le cas de Lou, mais pour oim, ca se termine quasi-systématiquement, par un macdal. Et la meilleure facon d'arreter de marcher, c'est encore celle-là.
    Comme s'il suffisait de mettre un pied devant l'autre et recommencer.

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